Stephane Fayol

3 janv. 20204 Min

S.O.S d'un terrien en déstress

Mis à jour : 8 avr. 2020

Un peu de marche fait du bien, et puis, je suis au pays du matin calme, heu non pardon, de l’après-midi calme et de la soirée calme aussi, bref, au bord de l’atlantique en France en janvier, loin de la rage des nombreux "mordus" qui n’ont pu avoir accès aux vaccins de Pasteur depuis quelques mois, particulièrement en région parisienne où j’ai vécu leur souffrance en live...

Me voilà donc parti. Et au bout d’une heure et demie, j’étais muni d’une statistique redoutable (réalisée mains "in vivo", RH content) :

80 % des personnes croisées en chemin, auxquelles j’ai dit bonjour avec un grand sourire m’ont répondu. 60 % de ces 80 % avec un air aimable, voire un sourire.

Dans la catégorie de ceux qui n’ont rien dit, il y a celles et ceux qui ont détourné ostensiblement la tête, pour n’avoir aucune obligation à affronter du regard, attitude éminemment courageuse ; il y a celles et ceux qui ont affecté une indifférence, dont je ne sais si c’est du mépris ou quoi d’autres ; et il y a enfin celles et ceux, pour lesquels je me suis félicité qu’ils ne soient armés que de leurs yeux, sinon je devenais un gibier de chasse tellement leur regard portait d’agressivité.

C’est juste fascinant.

Pour le RH que je suis depuis tant d’années, et qui n’a cessé de prôner en entreprise le respect de l’autre, c’est même, comme dirait si bien #Luchini, "hallucinant".

Quand je pense même, aux nombreux séminaires de formations organisés avec des consultants consciencieux, voire même convaincus, sur le management bienveillant, sur le fait que l’on apprend grâce à 14 diapo PowerPoint qu’il faut dire bonjour à ses équipes, que c’est le minimum de la reconnaissance... Ça me laisse rêveur.

Le manageur serait donc en ce début d’année 2020 une catégorie hors citoyen.

Un « truc » à part. Ou alors, dans les gens que j’ai croisés, personne n’était manageur, ou managé ? La bonne blague (rire jaune).

Dans mon cerveau-même en version pause, j’ai eu un déclic :

Mais alors, nous tous qui venons, ou qui allons-nous adresser des vœux de nouvel an, avec force, argumentaire et espoir sur une nouvelle décennie, une ère qui s’ouvre, le grand chambardement cher à Guy Béart... Faisons-nous fausse route ? Est-ce encore de la méthode Coué ? De la vitrine, de l’alibi de bonne conscience ? Ne savons-nous plus VIVRE ENSEMBLE. Dehors comme dans l’entreprise ?

Biberonné au code du travail pharaonique, aux règlements intérieurs parfois digne d’un siècle qui semble si lointain, je me suis pris à déplorer intérieurement, que le panneau que j’ai pris en photo pour illustrer mon propos (ci-dessus), prévoit beaucoup « au nom de la loi » mais pas le savoir vivre et le respect des hommes. J’en frémis rien que d’y penser. Non, nous n'avons tout de même pas besoin d'une loi pour ça ?

Il y a véritablement une prise de conscience qui ne se fait pas ; et elle ne se limite pas aux entreprises, présentées souvent de façon abusive comme le lieu de toutes les perditions comportementales.

(Je ne renverrai pas à mon auteure favorite, nan).

Mais regardons autour de nous, mieux, tiens, regardons-nous. Nous avons tous une responsabilité. Combien de fois me suis-je entendu dire que c’était à l’employeur de garantir la sécurité, ce que je ne nie pas, et que le slogan tous responsable était purement démagogique. Mais alors, le vivre ensemble est de la responsabilité de qui ? Un concept ? Un hologramme ?

Oui, moi aussi, il m’est arrivé de déplorer qu’il faille autant de consultants, autant de PowerPoint pour rappeler ces évidences. Eh bien je suis ravi de vous dire que je me suis trompé. Nous sommes loin des évidences, en tous les cas loin pour beaucoup d’entre nous.

Je ne peux pas terminer ce gentil propos, sans une lueur de soleil, car je suis profondément optimiste malgré mes « alertes ». Parmi les 80 %, (déjà ce n'est pas si mal) nombreux étaient ceux dits de la jeune génération, Y, Z and co...

Puissent-ils ne pas être écrasés en si bonne voie, puissent-ils porter ce savoir bien vivre auquel tout le monde aspire, puissent-ils diriger notre beau pays de cette façon, nos entreprises, nos collectifs quel qu’ils soient. Parce qu’ils sont l’avenir, et si nous partons donc du principe, post vœux du nouvel an, que le changement ça n’est pas pour maintenant, alors pour demain ce sera déjà bien, et jamais trop tard, malgré quelques dégâts au passage.

Je ne me fais pas un vieux militant du peace and love, juste du vivre intelligemment ensemble, de coopérer au mieux pour faire « plus belle la vie » autrement qu’en fiction télé.

Bon, je n’ai aucune recette toute faite, d’autres sont beaucoup plus doués que moi, livres et articles à l’appui ; je ne fais que poursuivre mon apprentissage de vie, et c’est passionnant, ça ouvre tellement de possibles pour qui veut. Je vous renvoie avec joie à mon billet de vœux. Celui-là n’aura décidément pas trainé derrière. Et j’ai décidé de le revendiquer comme RH et pas seulement comme citoyen, car cela fait longtemps que la porosité des modes de vie, j’y crois.

1920
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