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  • Photo du rédacteurStéphane Fayol

La vie commence après le café


C’est drôle, mon rapport avec le café n’est pas si vieux. Petit certes, je respirais l’odeur du café, posé en permanence sur la cuisinière à bois de mes grands-parents, un peu une madeleine de Proust au parfum souvent moyen, mais me rappelant ces deux adorables aïeux.

La pause-café qui crée du lien

Ce n’est véritablement qu’à partir de ma première étape professionnelle que j’ai rencontré la machine à café, ou plus exactement que j’ai pris conscience de l’importance de se retrouver à la machine à café. Et pourtant, qu’il était mauvais ce café de distributeur industriel dans ces gobelets plastiques mous, qui brulaient les doigts. Mais quelle opportunité formidable d’échanges cela créait ! Quel espace de respiration au travail, de confidences multiples, d’écoute plus attentive cela ouvrait.

Et ce n’est que bien plus tard, que l’arôme et la qualité du café sont devenus pour moi sources d’intérêt, puis irrésistibles. Plus tard encore, j’ai compris que le café était devenu un agent de liaison avec moi-même. Un moment de connexion et de conscience de moi, de rêveries et de liberté personnelles. Un moment privilégié de vie. Après le café lien avec les autres, voici que je découvrais le café lien avec moi. Quel bonheur.

Broyer du noir de café

Aujourd’hui encore, j’écoute, et je m’écoute en dégustant mon café, quelque-soit le lieu où le moment. Je vis des brèves de vie, des brèves de songes, des instants café dont je peux partager ici quelques moments d’ivresse caféinés, pas plus anciens que ce matin.

Que d’émotions en visionnant ces vidéos dédiées aux obsèques de Mr Paty, aux mots prononcés par ses proches, et par le Président notamment. Et que d’amertume en même temps en bouche. Ce goût amer est celui de toutes les horreurs que j’ai eu à connaitre depuis mon arrivée sur terre. Celles d’il y a longtemps, l’inquisition, les pandémies, les guerres, l’holocauste, celles d’après avec les massacres de Charlie Hebdo et du Bataclan, Ilan Halimi et Mireille Knoll et tant d’autres encore. Oh ma pensée va vers toutes et tous ces victimes de tant d’actes innommables et ces hommages me ramènent à cette humanité à laquelle je suis si attachée. Mais, il y a comme un gout d’inachevé, de café bouillu comme disait ma Grand-mère c’est-à-dire de café foutu.

"Il y a des jours où le bonheur minuscule du café du matin ne vient pas à bout des nouvelles du jour" - Silviane Agacinski

Comment réduire l’amertume ?


Aurions nous une mémoire de poisson rouge ? C’est joli un poisson rouge au demeurant mais… Comment pouvons nous oublier aussi aisément après tous ces exercices mémoriels et d’hommages (bienvenus ou pas, le bal des hypocrites fonctionne à plein) ce qui les a causés et notre envie de nous dire tous Charlie, tous Paty etc. Que faisons nous de façon concrête pour neutraliser les maux insidieux qui nous assaiellent et contre lesquels nous sommes souvent tièdes ? Il ne s’agit pas de passer du tiède au bouillant mais il y a de la marge.

Tiens, j’éprouve le besoin de rajouter du miel dans mon café ; ces horreurs piquent et malgré mon amour pour ce délicat breuvage, l’amertume de la cigue de l’existence me fait réclamer de la douceur, et le miel apaise.

Ces quelques pensées, derrière mes lunettes embuées par mon café chaud comme je l’aime, me font mal et pourtant me font du bien. Parce que je ne suis pas indifférent, parce que même si je me trompe je peux dire les choses, les écrire, merci mon Pays au passage.

« Brêve » de café, un dernier pour la route

Et d’ailleurs, ce délicieux arabica adouci par le miel me fait penser sur l’instant que ma vie de RH mériterait peut-être que j’en écrive des passages, que je réalise ce livre sur ce métier si décrié auquel je pense depuis longtemps. Le nième livre sur ce métier. Qu’est-ce que ça apporterait. Je ne sais pas encore mais vous qu’en pensez-vous ? Vous qui me lisez, vous qui me connaissez ? Suis-je légitime, dois-je le faire avec ce style qui plait ou qui agace, y a-t-il un intérêt de votre point de vue ? Oups voilà que je parle seul maintenant que je suis connecté à moi. Enfin pas complètement puisque je parle à mon café, dont le velouté m’emporte loin, loin et c’est si bien.

"Toutes nos meilleures idées, nous les avons dans une sorte d'ivresse fiévreuse, dans l'ivresse du café" Georg Christoph Lichtenberg


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