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  • Photo du rédacteurStephane Fayol

Web social : prendre la parole pour faire du bruit

Dernière mise à jour : 9 avr. 2020


J’ai déjà beaucoup parlé du regard, de cette fascination que j’avais pour lui, de ce qu’il me permettait de vivre, de découvrir, d’imaginer. Et à l’instar du talentueux Arnaud Cathrine notamment, avec son ouvrage « Ces Regards que vous croyez muets », je pourrais être intarissable sur le sujet.


Mais aujourd’hui, je vais évoquer la voix ; pourquoi, parce que j’ai l’intention de faire le tour de tous les sens ? Non, simplement parce que j’ai fait le rapprochement ce week end de la voix et des tweets que j’ai lus et cela m’a fait frémir. Et en parler me permet de lier deux sujets qui m’intéressent, les effets extraordinaires d’une voix d’une part, sa complexité tant elle ouvre elle aussi de ressenti et d'imagination, et le flux proposé par les réseaux sociaux comme #Twitter d’autre part.



Quelle cacophonie… En matérialisant chaque intervention sur le fil de Twitter par un son de voix, j’ai pratiquement envié Jeanne d’Arc (enfin pour le début de sa légende n’est-ce pas), elle n’avait pas les réseaux et même si elle entendait des voix, elles étaient moins nombreuses et plus compréhensibles.


La vitesse à laquelle chacun s’exprime est quasiment spectaculaire et comme tout se fait hors de la présence physique de l’autre, on se lâche, personne n’écoute personne, tout fuse dans tous les sens, parfois à contretemps.


C’est un véritable tohu-bohu. Il y a peu de cas, où on imagine le verbe relatif à un sujet (même si cela existe encore, fort heureusement) porté par un ton de voix posé, apaisant.


Le côté cru, violent et vulgaire des mots, la banalisation des invectives sous couvert de liberté d’expression laisse beaucoup plus à penser à un ton de voix agressif, laissant dégouliner des horreurs comme la haine, le mépris.

Cela me sidère souvent, et si j’enchaine plusieurs lectures avec la transposition vocale, j’ai mal… à mes valeurs, à ma vie, et accessoirement à ma tête. Trop de voix qui ne se respectent pas, juste pour exister. Et le sentiment que plus le texte est hors limites, plus le spectaculaire dans la violence le porte, plus il est entendu et abime celui qui le reçoit.


Prendre le recul et faire la part des choses, oui, bien sûr, mais cela me fait penser à « calomniez il en restera toujours quelque chose ». Du respect oublié, des blessures, une dégénérescence folle du vivre ensemble.


Alors que faire ? Aller se coucher disait Louis de Funès à sa bonne dans « Les grandes vacances »… non je ne pense pas que ce soit la bonne solution, en tous les cas durablement opérante pour limiter cette funeste embellie. Laisser faire et devenir malade tant c’est difficile à supporter ? Cette résignation, même si elle peut m’effleurer comme tout le monde par moments n’a pas sa place pour qui veut contribuer à une cohésion sociale où qu’elle soit.


Être modérateur sans tomber dans la naïveté absolue, le pardon sans nuance etc., (ce qui relève d’une dangereuse hypocrisie) pourquoi pas ? En disant des choses positives, constructives, autrement, en essayant de retirer le meilleur, n’en déplaise à celles et ceux dont cela n’alimente pas le fond de commerce.


Mettre en avant, le beau, un art de vivre, l’espoir, les bonheurs. Il y a quelques années je me suis moqué (je pense m’être bien trompé) de la diffusion sur ces réseaux de mantras positifs, d’images douces, de post gorgés de bienveillance en me disant « mais ce n’est pas la réalité, et ce n’est pas en jouant au #DonQuichotte qu’on va faire le poids face aux ailes d’un moulin». Le moulin qui broie lentement mais sûrement la vie.


Et pourquoi renoncer à cette pédagogie dont la répétition peut favoriser l’envie, pourquoi même si c’est balayé par des torrents de boue, ne pas s’appliquer à construire au lieu de détruire ?


De plus en plus nombreux sont ceux qui le font, et au lieu de m’en moquer, j’ai plus que jamais l'envie de les encourager, de les rejoindre à chaque fois que je le peux, même si une note juste dans la cacophonie peut agacer.


C’est pour une bonne cause, non ? Porter la passion de son point de vue sans souffrance ? Et Don Quichotte n’était pas sans noblesse… La cause sociale est noble.


Des opinions librement exprimées oui, n’importe comment et acceptées sans rappeler quelques repères de vie dont nous avons besoin pour ne pas tout faire exploser, non sans aucun doute. Et ceci est valable dans quelque milieu que l’on soit, enfin devrait l’être. Mais ce n’est que mon avis, et je vous assure qu’en lisant ce texte, ma voix est douce et sereine.


Je ne peux qu’encourager l’émergence continue de voix douces, qui disent les choses fortes, sans tomber dans la mièvrerie, mais sans basculer systématiquement dans le combat sauvage de coqs.

Je l’ai déjà écrit, les mots peuvent devenir des maux, et si en plus ils sont « cassés par la voix ».

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