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  • Photo du rédacteurStéphane Fayol

Haut le cœur, cœur à cœur, le cœur des hommes…

"Je sais qu’on ne sait jamais" chantait Jean Gabin, et je n’ai nullement envie d’injurier tant celles et ceux pleins de bonne volonté qui militent ardemment « pour », que l’avenir qui verra triompher cette culture tant souhaitée.




Mais je ne peux m’empêcher aujourd’hui d’être de plus en plus mal à l’aise avec cette expression leit motiv, « l’humain au cœur de »qui s’étale plus que largement dans la Société, dans les entreprises, sur les réseaux sociaux, dans le métier RH. Il faut « mettre l’humain au cœur de » : je reconnais assez aisément que le bruit assourdissant des comportements contre exemples, qui retiennent l’attention, étant aidé en cela par les médias , fait peut- être paravent pour dissimuler toutes les bonnes actions qui concrétisent cette théorie, et je ne les nie pas, mais quand même.


Le mal être profond qui envahit la société de façon insidieuse, provoquant de plus en plus de maladies,( cf. consommations d’anxiolytiques et d’antidépresseurs) pire de suicides… la violence des postures, des écrits,  qui va de plus en plus loin dans sa manifestation. On peut d’ailleurs avoir l’impression qu’au-delà des nobles protestations, il vaut mieux, au nom de l’évitement d’éventuels débordements autoritaires qui viendraient altérer l’ouverture et la tolérance, et la liberté , laisser dire, laisser faire.  C’est sans doute pour partie vrai mais cela a pour effet pernicieux d’étendre le mal, qui se sent autorisé à sévir.


Tout devient prétexte « à » : il n’y a pas si longtemps, je marchais dans Paris au sortir d’un déjeuner, et j’ai assisté, médusé, à un mariage où le « bonheur » légitime des mariés et des invités autorisait des cortèges de très fortes cylindrées, à ne respecter aucune signalisation, à mettre en danger les piétons qui, si jamais osaient le faire remarquer aux impétrants, se voyaient immédiatement menacés, sans parler du rugissement exagéré des moteurs contraire à tout bon sens en matière d’environnement.


Et aucune manifestation d’autorité pour mettre fin à ce délire public. Un voyage en absurdie, ce moment. 

C’est cela « l’humain au cœur de » ? où sont les notions de respect de l’autre ? où est le bien être de vie ? quelle est la régulation nécessaire, où se trouvent les gardiens de l’équilibre dont nous avons tous besoin ?


Comme beaucoup, je suis l’actualité internet via les réseaux sociaux : j’y observe de plus en plus de déferlement de haine dans les propos, de tout le contraire de ce qui est prôné par les écrits sur le bien vivre. 


Au-delà des âneries, fake de tous ordres, des mensonges, ces vagues de violence dans les mots me laissent pantois et consterné. Tant vis-à-vis de ceux qui utilisent la vulgarité évidente des mots, que de ceux qui cherchent par un décryptage pseudo rhétorique à mettre en exergue une intention violente, discriminatoire, là où elle n’a jamais été.


J’ai entendu, oui, mais ce sont les réseaux sociaux qui exacerbent cela…. Je comprends ce point de vue, mais je ne le partage pas complètement . Le réseau social est un outil, mais qui écrit ? qui sur réagit ? qui ne respecte pas l’autre, son opinion ? l’homme me semble-t-il.

« L’humain au cœur des politiques d’entreprises ». Il me semble que les entreprises, leur philosophie, leu culture, leur raison d’être est l’œuvre des hommes ? de qui d’autre ? les organisations qui blessent voire tuent, on l’a tristement vu avec la sombre période qu’a traversé France Telecom ; les conglomérats financiers qui exigent toujours plus de profits - sottement d’ailleurs car ils s’emploient par une démarche « la tête dans le guidon » et court- termiste, à briser celles et ceux qui peuvent réaliser ce profit , poussant même le cynisme pour certains à accepter « des dommages collatéraux » sur les hommes, qui peuvent être ( pour le moment et c’est de moins en moins vrais) remplacés -. 


Mais tout cela est l’œuvre des hommes… pas des machines quelle que soit leur technologie.

Replacer l’humain au cœur du métier RH ; là, je reconnais humblement sortir de mes gonds. Pourquoi ai-je choisi ce métier au contenu et au contour flous et de plus en plus fourre-tout d’ailleurs, si ce n’est pour parler des femmes et des hommes, pour leur permettre d’exister professionnellement , pour veiller à ce qu’ils soient bien ensembles pour travailler etc. ? mais il faut être de quelle planète pour penser que le « H » veut dire autre chose ? je ne comprends pas. Est-ce de la procrastination volontaire ? avec l’alibi d’une fonction RH défectueuse ?


Et surtout qui va encore croire cela ?


Si j’étais dirigeant, que ce soit politique, ou d’entreprise, voire conseil, je me poserai sérieusement des questions : attention ! on sent bien la corde se tendre, on sent bien que toutes les politiques affichées reçoivent en retour tant d’ironie, de replis identitaires, voire de violences stupides parce que des personnes de plus en plus nombreuses considèrent que l’on se moque d’eux et que tout sonne creux  « Les emballages » ne suffisent plus, et comme l’écrit très justement Axel Kahn dans le dernier numéro de Zadig ( été 2019) s’ils n’émanent ou ne portent qu’un raisonnement gestionnaire, c’est pire encore, et sans espoir.


Combien de temps encore, faudra t’il le dire, et l’écrire ? je ne le sais pas. Mais très sincèrement, et encore une fois sans volonté d’offusquer qui que ce soit, « l’humain au cœur de »,  il faudrait peut-être réfléchir à théoriser le propos de façon plus proche des personnes ; sans cela, la fracture sociale qui portait la campagne présidentielle de 1997 devient une multitude de fissures.


Prenons garde à faire ce que nous disons, prenons garde à ce que le sens prenne corps, embarque nos concitoyens, nos collègues etc… tiens d’ailleurs je parle de personnes de femmes et d’hommes. Je préfère mille fois ces mots, sans sombrer dans ce débat rhétorique que je mentionnais plus haut, à l’abstraction conceptuelle « humain ». J’ai le triste sentiment que ce concept permet de trop théoriser et de se débarrasser à bon compte d’une action sérieuse et réelle. Dans une interview récente, le Général de Villiers a lui-même utilisé cette formule de « personnes » , nettement plus respectueuse des autres, quelque soit son identité, son particularisme, sa différence. J’adhère.


Ce sont des personnes qui s’opposent aujourd’hui à ces raisonnements purement gestionnaires. Ce sont elles qui passent dans la très jolie chanson de Gauvain Sers, « Les oubliés » en portant ce message. Oui, les personnes demandent à être écoutées, respectées…et ça n’est pas nouveau. Mais cela s’amplifie et craque, façon Gilets Jaunes et autres .


On ne voit bien qu’avec le cœur… ah St Exupéry, voilà des mots bien posés. Ils veulent vraiment dire le sens de ce qui est attendu, « le cœur au cœur de notre vie, en fait …. »que l’on soit politique, entrepreneur, RH , tout le monde devrait se sentir concerné. 


Au fond de moi, quelque chose me dit que notre société peut évoluer comme cela, parce que je suis « farouchement optimiste » disait Carole Couvert lors de la remise de sa légion d’honneur.

 Farouchement et volontairement. J’aime les belles formules, ne nous y trompons pas, mais quand elles sont incarnées et qu’elles vivent, pour tous. Tout mon engagement de vie, tant personnel que professionnel est articulé autour.

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