Car se taisent-il, EUX ? Alors NON, sinon on s’asphyxie. Nous sommes RESPONSABLES.
Il y a quelques jours, en parcourant mon fil #Twitter je lis ces propos de Bruno Gaccio, en réaction à une vidéo de l'Assemblée Nationale portant sur la reforme des #retraites :

Oui, excusez vous Monsieur Gaccio, c'est fait.
Certes, ce monsieur, dont j’ai pu aimer l’image au temps glorieux des Guignols et de ma jeunesse plus insouciante, a l’habitude des outrances et s’il parle de dégout, je peux dire que dans de nombreux cas, ses éructations me font le même effet, voire pire.
Mais là, je me suis dit, ce n’est pas possible. Associer la fonction RH à la lie, j’ai fini par en prendre la « mauvaise » habitude. Je dis cela parce qu’on ne devrait pas s’habituer à tout, on ne réfléchit pas assez aux conséquences ce faisant.
Mais là, on associe plus, Mr Gaccio franchit le pas et DRH devient l’insulte, la matière vomie. Choqué, je prends mon clavier et j’écris mon horreur pour cette outrance de plus, celle qui fait déborder mon vase de patience pourtant immense.
C’est là que les choses se corsent : bien entendu, Mr Gaccio ne réagit pas, tout de même s’abaisser jusqu’à ces déjections telles qu’il vient d’en parler. Que nenni. Un ou deux professionnels de la fonction que je connais bien, me font écho et je reçois beaucoup, en PV de messages bienveillants puisque j’en connais aussi les expéditeurs, me disant « oui, laisse tomber, ça ne vaut même pas la peine de relever, il ne sait pas de quoi il parle, et ça ne concerne personne, tu vas t’user pour rien »… J’ai résumé.
Mieux encore, une foule de #RH présents sur le site, accréditent sa thèse ou la thèse de mes amis en ne mouftant pas. On méprise, dirait Me Folace… dans les Tontons Fligueurs.
Eh bien, chers tous, j’ai le plaisir de vous annoncer que je refuse de me taire, et je vais vous dire pourquoi.
Ce Monsieur, avec sa notoriété, comme certains auteurs philosophes dont j’ai eu l’occasion de vous faire part d'outrances plus urbaines sur le même sujet, écrivent ce qu’ils veulent : plus c’est moche, et plus on se repait, et leurs livres se vendent par milliers, leurs tweets se lisent, les médias se bousculent pour donner écho. Et là je parle des outils : les réseaux, les journaux, les antennes radios ou télés... Vous savez, ceux qu'on voudrait parfois supprimer ! Mais qui reçoit le message ? Qui en garde des traces ? Qui se forge sa conviction et pire, relaie. Je ne parle même pas de ma frayeur éprouvée en imaginant les jeunes générations très friandes des réseaux, manifestant beaucoup d’appétence pour la satyre, empreints solidement de cette manipulation.
Pendant ce temps, "les déjections humaines" dont il est présentement question, s’offusquent entre elles, organisent des séminaires pour protester intelligemment, font adhérer leurs entreprises à des labels miroirs scintillants et surtout ne s’abaissent pas à répondre ou à protester. Mais ces gens-là... Disent-ils. Oui, mais au-delà d’eux, et toutes celles et ceux, dont la foule de silencieux à qui ça fait du mal, victimes cibles et/ou lecteurs ?
Alors je ne me tais pas. Je suis conscient de ce que ces quelques lignes vont faire pschitt… Désolé de ne pas être de ce monde de gens autorisés qui s’autorisent et qu’on autorise à penser et à dire. Peu importe, j’ai dit en créant mon blog que je me défendrais d’être tiédasse, langue de bois, et bien au risque d’agacer au pire, ou d’indifférer (le plus probable, je dis).
Bien sûr que si je suis un adepte du débat, de l’échange d’opinions contraires dont souvent je sors plus riche qu’en y entrant, je refuse cette escalade ou plutôt cette glissade effrénée vers le caniveau, au motif que je peux me faire « chahuter en le disant, traiter d'extrémistes, d'entraves à la liberté » etc. Au motif que « cachez ce sein que je ne saurais voir ». Hypocrisie malsaine.
Quelques jours après, les vidéos de Monsieur Griveaux. Je n’éprouve pas plus de sympathie pour ses choix politiques que cela, ses erreurs, et quand on voit les dernières semaines de campagne, il y avait de quoi choisir, mais de là à cautionner cette démarche Pavlinskienne and co. Il y a un abime dans lequel je ne sauterai pas. Je me réapproprie avec force ces mots de Mona Ozouf :
"L’ensauvagement des mots prépare l’ensauvagement des actes ».
Plus modestement j’avais écrit que les mots devenaient des maux, que l’absence de toute limite commençait sérieusement à faire mal au vivre ensemble, que tout laisser dire et faire au nom de je ne sais quelle liberté en bafouant allègrement le respect, finirait mal. Je relisais mes billets depuis un an, il y a largement matière, à alimenter mon propos.
Bon, alors, je dois y croire : j’aboie dans le vide, je pisse dans un violon. Que n’ai-je pas été journaliste ou prenons un bel exemple, acteur de téléréalité, pour avoir un écho.
Ces mots de l’ami déporté de Madame VEIL, Paul Schaffer, me reviennent : « Ce qui m’attriste c’est de penser que notre expérience et le prix si élevé que nous avons payé n’ont pas servi à rendre l’humanité un tant soit peu meilleure, plus pacifique, plus respectueuse d’autrui. Je ne sais même pas si nous avons été capables de transmettre cette expérience aux autres. Je crois que nous l’emporterons avec nous. Soixante ans plus tard, ce que je vois m’horrifie, pourquoi avons-nous payé si cher, pour un monde qui est toujours aussi violent, aussi agressif. »
Ces mots je les ai utilisés lorsque j’ai parlé du livre l’Aube à Birkenau, ils ont aujourd’hui une résonance particulière dans ma tête.
Non je n’ai pas envie de ne pas dire mon effroi.
Non je n’ai pas envie de ne pas dire que des gens profitent de laxisme, d’impunités, pour abuser des systèmes (aide sociale de tout ordre, justice), ordre public, à des fins malhonnêtes en utilisant de façon abusive des mécaniques généreusement pensées, que des gens ne font pas honte au métier qu’ils prétendent exercer tant ils sont mauvais, que des horreurs sont commises sur des femmes et des hommes au nom de ce qu’ils sont, en utilisant toutes les violences (des menaces de mort a-t-on vu récemment sur une jeune adolescente), et en misant sur une justice égarée.
Non je n’ai pas envie de taire qu’il est difficile de trouver un avocat pour aider à résoudre des affaires banales (des amis l’ont vécu) alors que de « grands ténors du barreau » pétris de suffisance se précipitent dans les médias pour dire qu’il vont défendre tel écrivain connu, tel artiste, tel philosophe (chacun aura des noms à mettre... ). J'ai fait exprès de prendre des exemples polémiques mais derrière lesquels se cachent de cruelles réalités.
Mais moi, je dis bien « des » gens, je ne dis pas les gens, parce que là ça pourrait dériver vers l’outrance, d’autres se chargent de passer la limite.
Mais qui accepte d’être au service de cause humaine vraie, avec un engagement sincère ? Qui a envie que notre société ne se noie pas dans ce caniveau puant où les rats prolifèrent, emportant avec eux une peste sure ? Qui va enfin comprendre que même des systèmes économiques florissants nourrissent la pire des vermines qui peut d’ailleurs les piloter ?
Il y a tant de gisements potentiels extraordinaires de bien vivre, et de mieux vivre dans notre société, et s’il vous plait ne me dites pas que je suis un idéaliste forcené. Je ne suis que quelqu’un qui a « encore vécu » une semaine difficile, où on s’est attaché scrupuleusement à masquer tout ce que j’avais pu vivre de bien et de beau, d’où ma colère : laissez moi vivre, les yeux ouverts, digne.
Et puis je suis un militant du respect de l’homme. Et ce, j’en ai bien le sentiment, hier, comme aujourd’hui, comme demain.

Alors voilà, je ne me tais pas. Je ne savais pas comment illustrer ce propos, je renvoie les plus anciens à se souvenir de cette célèbre sortie d’un homme politique des années 80 à l’adresse d’un journaliste, (je préfère toujours l'humour) et sachez que je suis heureux à chaque fois que je lis/entends/vois quelque chose, quelqu’un de positif, ouvert, engagé et respectueux, généreux etc. Bref une belle personne qui ne se tait pas... Et que je leur ouvre la porte de ma #toiledevie.
Et merci aux relais, mégaphones de tous ordres qui pourraient partager. Tant pis pour les autres, et tant pis pour nous.Meilleures pensées à tous les engagés, et beaucoup d’apaisement à tous les blessés. Désolé de ne pas avoir été exhaustif.
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