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  • Photo du rédacteurStephane Fayol

Peut-on encore être soi ? Et qu'est ce que cela veut dire ?

Dernière mise à jour : 28 août 2020


Avec le sublime concours de Christophe Mae :


"La vie est une scène, je fais mon cinéma Je dis que tout baigne, même quand ça ne va pas Il m'arrive même de pleurer dans mes bras Tard dans la nuit, pour que personne me voit"

Tard dans la nuit, les paupières closes, je songe souvent aux larmes. Je les imagine tel un élixir de bienfaisance qui évacuent tout ce que j’ai plus ou moins consciemment stocké au fond de moi. Elles sont chaudes et douces, caressent mon visage, tel le velouté d’un sérum de vie. Et puis, je réalise, que ces larmes n’existent plus, depuis si longtemps. Mon cerveau, mon corps se refusent à les laisser passer ; elles luttent, elles me brulent tel un feu intérieur dévastateur, mais je ne suis ni libéré, ni délivré ; et je ne sais même pas si le regard des autres y est pour quelque chose.

Je ne cache rien, je n’ai rien à cacher, malheureusement. Mais il n’empêche que je peux faire semblant.

"Non ce n'est pas facile de vivre avec soi De faire ce que les autres attendent de toi De dire ça va, toujours quand ça va toujours pas De traîner ta peine et traîner ta joie

La vie est une scène alors je fais le spectacle Je dis que tout baigne malgré les obstacles

Maman me disait, vide pas trop ton sac, petit Ne pas pleurer c'est faire preuve de tact"

Il y a tant de refus exprimés, ça et là, toutes générations confondues, de ce paraître bardé d’hypocrisie, que l’on peut déguiser par convention en « pudeur », en « absence de voyeurisme », « en dignité » , en stéréotype d’humain fort, toujours prêt à montrer qu’il ne se laissera faire par rien, et pourquoi ?


Il y a tout de même quelque chose qui ne va pas, alors on le dit, et une fois cela fait, la roue de cette existence continue à tourner, avec nous tous, petits hamsters conditionnés. Éduqués, sans jamais penser mal, au contraire. On veut tellement bien faire. En théorie…

"Alors on sourit, pour ne plus être triste On peut se déguiser, on est tous des artistes Alors on sourit, pour ne plus être triste On peut se déguiser, c'est la vie d'artiste"

Et on aime celles et ceux qui en chansons, par des romans, des poèmes, du théâtre officiels donnent à voir tout ce que le quotidien masque. On ressent, on s’autorise.

Alors notre quotidien, il s’agit d’une comédie… tous comédiens, intermittents d’un spectacle plus ou moins réussi. Le Cours Florent a supplanté le cours de la vie. Face à moi au moment où j’écris ces mots, la mer est d’huile, reposante. Est-ce aussi une mise en scène ? Qui l’a faite ? C’est vrai aussi que de temps à autre elle laisse éclater sa fureur, peut même donner la mort, les marins le savent eux qui payent encore et toujours un lourd tribu. Nous les hommes, avons-nous encore cette capacité, et comment, jusqu’où ?


Notre condition humaine partagée avec les autres ne doit elle pas nous enseigner l’équilibre et s’attacher à nous aider à le préserver ?

"Faut prendre soin des gens, qui sourient trop souvent Ils cachent souvent une tristesse dedans Moi je ferme le rideau comme on ferme les paupières Pour que personne ne voit ce qui se cache derrière J'ai appris à passer du clown au gangsta À filtrer mes pensées comme une photo insta Pourtant maman me disait, sois toi-même, petit Car tu sais, tous les autres sont déjà pris"`

Oscar Wilde, -entre autres, l’a dit : "soyez vous-mêmes car les autres sont déjà pris"; et bien d’autres se sont appropriés ce sage conseil qui reste souvent lettre morte. Parce que nous ne savons pas toujours qui nous sommes, quelle vie nous nous offrons et nous offrons aux autres pour partager l’existence. Et puis nous sommes gavés par les « modèles », les « clones », tous ces concepts simplistes, si rassurants au 1er degré et si angoissants pourtant. Liberticides.

Ne jamais se fier aux apparences, mais c’est horrible, puisque si on part du principe que tout le monde joue un rôle pour bien faire, rien n’est alors authentique ? Alors on a raison de ne pas se fier mais peut-on réellement vivre dans cette défiance permanente ?

Oui, a priori ce texte le rappelle. Vivre, sûrement pas mais bien vivre. Et notre vie devient le jour le plus long. Par lâcheté si on veut, ou pour ne pas se figer, pétrifiés, mourir.

"La vie est une scène, on improvise On apprend à danser sous la pluie À maquiller nos vie et On en sourit

Alors on sourit, pour ne plus être triste On peut se déguiser, on est tous des artistes Alors on sourit, pour ne plus être triste On peut se déguiser, c'est la vie d'artiste

La vie est une scène On improvise On apprend à danser sous la pluie et On en sourit

On est tous des artistes (tous des artistes) un peu tristes (un peu triste ouais) On est tous des artistes, un peu tristes"

Y voir comme une note d’optimisme. Notre « algorithme » est sophistiqué, on peut s’adapter, improviser, peut-être même être fantaisiste. Ça n’est pas si triste. Notre réalisateur et metteur en scène nous laisse une place pour donner de l’air au scénario.

Sauf à se dire que c’est une petite trappe qui nous a été donnée pour respirer un peu. Ça fait chiche mais c’est suffisant. Ça n’est pas parfait, et ça explique beaucoup, mais comme le chantait Alain Souchon « c’est déjà ça ».

Par deux fois, je suis allé à la rencontre de la mort. Par deux fois elle n’a fait que m’effleurer. Ce texte de Christophe Mae résonne en moi. Il tape les zones détruites, les zones fragilisées pour toujours dans un organisme qui croyait dire oui, jouer son rôle avec brio, mais qui se mentait pour pousser le jour et laisser arriver l’autre. Alors je dis plus jamais, mais je sais qu’on ne sait jamais.

Se mentir, jouer, vivre comme si. Mais ce faisant on prend donc un risque. C’est osé ? La vie est décidément complexe : on vit des temps préfabriqués, ou pas, on déroule un scénario pré-écrit pour nous, qui nous aide à franchir les étapes ; ou on se complique l’instant, on « bug » on prend des risques. On crée pour partie, sans cesse, reste à savoir avec quelle part de soi ?

Mais oui, décidément, je valide on est tous des artistes ; des bons, des excellents, des moyens, des mauvais. Un peu beaucoup à la folie pas du tout.


C’est en regardant ces douces vagues, que je me suis laissé aller à divaguer, un peu dans tous les sens en zigzag, l’ivresse de la pensée et des mots. C’est en écoutant et en lisant ce texte, que j’ai entendu et lu ma vie où j’ai retrouvé comme me le dit une tendre amie, des balises.

Et sans doute que mon plus beau cadeau, notre plus beau cadeau, sera au jour de notre départ de la scène d’avoir interprété de beaux rôles, d’être -soyons fous- des étoiles pour rejoindre les autres étoiles.



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