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  • Photo du rédacteurStephane Fayol

Votre mission si vous l'acceptez : une négociation sociale .





Il est neuf heures ce matin. Je suis un peu fatigué, bah c’est l’air du temps, et c’est vrai que le temps il n’est pas brillant, dans tous les sens du terme :


il pleut, le ciel et gris et les infos venant de toute part me crachent de la pandémie à tout va, et sa cohorte de polémiques asphyxiantes. Bref l’ambiance est top.


Cela fait deux fois que mon collègue en charge des relations sociales passe me voir pour s’assurer que tout va bien avant le réunion que je dois conduire ; il est vrai qu’autant il maitrise excellemment les règles aussi alambiquées soient elles, et elles le sont autant j’ai la responsabilité de conduire cette séance de négociation sociale et de la faire aboutir de la meilleure façon qui soit.


La réunion est programmée à 10h00. En dégustant ( bon le mot est fort, en consommant mon café au distributeur) je laisse mon esprit flotter un peu.


Il y a fort à parier que les postures seront respectées.


Ça m’a amusé un temps, j’ai un peu le sentiment que ça m’assomme maintenant. Et pourtant, je sais aussi que sans elles…


Je rentrerai dans la salle ; les rangs des syndicats en face de moi seront complets ou pas ; ah rien que ce point a donné lieu préalablement à d’âpres palabres. J’avais eu le sentiment que 40 personnes face à mon collègue et moi, ça ne gênait personne même si sur ces 40, seule une petite dizaine de personnes seulement serait active. Les autres écoutant religieusement les chefs de files, avec la timidité de celui qui n’ose pas, les autres jouant à des jeux vidéo ou somnolant, j’ai tout vu je crois en près de 30 ans… enfin je crois.


Il y aura des souriants, comme à la machine à café, et des mines fermées, voire pa-tibulaires mais presque . Genre mannequins en défilé, faire la gueule ça fait impression…. Ah bon.



Il y aura des apporteurs d’idées à la négociation.


Avec bien entendu leurs lots de râlocheries, et des rebondissements séquencés qui peuvent établir des rapports de force différenciés. C’est vrai que face à la grosse machine employeur que j’incarne, bardée de datas plus froides les unes que les autres, de la tripe sur la table, quelques cris, un peu de commedia Del Arte et des envolées lyriques, je comprends. Et je tente toujours de percevoir le fond derrière la forme ; car au-delà de quelques propos vides de malhonnêtes ou totalement déplacés, il y en a du fond, il y a ce qu’attendent les personnes qui ont voté pour leurs représentants parce qu’eux vont oser dire, ce qui est souvent pensé, mais tu par convention.


Même s’ils exagèrent, peu importent, ils ébranleront l’édifice et au moins instaureront ce rapport de force nécessaire pour qu’un équilibre profitable à l’entreprise et au personnel soit trouvé.


Peu comprennent cela ; beaucoup de mes collègues et amis me disent qu’ils ne supporteraient pas.
Je comprends oui et non . Humainement et sauf à s’en fiche royalement, oui c’est fatigant.
Mais c’est aussi un signe de respect vis-à-vis de l’institution et de ses acteurs et des objectifs ambitieux . Et puis tellement peu de managers, de dirigeants savent vraiment ou veulent savoir, au delà du résultat, ce qu’est la négociation avec les syndicats.

J’en reparlerai certainement. Un jour, sûrement.


La seule chose que je n’ai jamais admise sur ce sujet c’est la violence interpersonnelle. Au nom du respect justement. Et parce que trop de blessures en résultent qui entachent la négociation sociale, c’est un sinistre cercle vicieux.


Alors m’entendre dire que je ne connais pas le prix de la baguette, que je ne sais pas ce que c’est que de ramener un avantage à 10 euros à la maison, je supporte, mais me faire menacer et insulter non. Moi, je ne l’ai jamais fait vis-à-vis d’un représentant du personnel et je ne le ferai jamais.


Oui, je rêve encore, après tout ce temps, de conduire des négociations sociales profitables, et oui, je l’ai déjà fait. Pas assez souvent à mon goût mais quand cela m’est arrivé, quelle belle fierté au noms de celles et ceux avec qui et pour qui je l’avais fait.


Je viens de lire une déclaration télé d’un leader syndical confédéral, qui rêve à "un printemps social"… Mouais, c’est pas gagné hein, on a le sentiment de déjà trop vu ou trop entendu, tout change et rien ne change bref; ou alors il parlait de négociations aux chants d’oiseaux, au vert etc… pourquoi pas dans ce cas-là.


Et dire qu’on vient d’abattre deux DRH. Mais ça n’est plus du baching, c’est de l’horreur de l’inhumanité à condamner sans hésiter une seconde. J’en ai la nausée. Mais allez pour ces RH, pour toutes les belles personnes qui y croient comme moi, en avant. et les réactions des associations représentant le métier sont si belles et dignes. oh merci Audrey.


Et , c’est l’heure. Je ne suis pas affolé, je sais qu’une partie de l’auditoire arrivera quand elle voudra, sans d’ailleurs le moindre mot d’excuses. C’est le jeu ma Pauvre Lucette, et pas le plus drôle.


Ah oui et au fait, mon nom c'est ?







Et non : C’est DRH.

Et je reviendrai vous parler de mon matin, de mon après-midi etc…

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